Samedi 3 mars.
Partie
d'Orly à 13h 45 sous un temps froid et brumeux je suis arrivée à
Budapest à 15h53 avec un magnifique soleil. Il fait 9°
mais un temps si clair que la température ressentie est bien
supérieure. Après avoir survolé l'Allemagne nous avons eu une vue
superbe au dessus de la république Tchèque et de la Hongrie.
Pas
d'attente à l'arrivée, ma valise est sortie en 10 minutes et pas de
contrôle de la police des frontières, un bon point quand on voit le
temps perdu à Orly.
Le
chauffeur de taxi qui m'attendait conduit en chemise. J'ai même
vu deux ou trois personnes en short ! Moi qui suis arrivée bardée
de polaires, je suis morte de chaud.
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Les enfants ont sortis les oiseaux près de l'hôtel |
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Nous traversons rapidement une partie de la ville et c'est tout à fait
comme je l'imaginais. II faut dire que sur Google earth j'avais
visionné toutes les images et panoramiques possibles cependant ce
qui m'étonne c'est que bon nombre de bâtiments ont étés
ravalés, quelquefois juste le rez de chaussée, mais ça donne une
impression Disneyworld ! trop neuf presque carton pâte vu de loin.
Pour
l'instant J'attends N.. mon amie hongroise et je regarde la nuit tomber, sur le balcon
, tellement la chambre est surchauffée. J'avais chargé un lexique
phonique minimal en hongrois mais malgré ma bonne volonté je
n'arrive pas à prononcer le magyar, dur, dur et pourtant j'ai répété
dans le train et dans l'avion, mais tout bas tout de même ! J'ai
vérifié auprès du chauffeur de taxi, qui ne parlait qu'anglais, c'est
incompréhensible. Nous avons beaucoup ri.
Lundi matin
Il
est 5 heures et j' écris assise sur les toilettes pour
laisser dormir les deux jeunettes qui m'accompagnent.
S.. est arrivée hier dans l'après midi pendant que je découvrais
Budapest avec N.. Pas de chance la réceptionniste du dimanche ne
sachant pas qui elle était, l'a laissée attendre deux heures avant
d'accepter de lui donner la clef de la chambre. Nous qui pensions la
laisser se reposer avant notre retour, elle était vraiment
épuisée quand nous l'avons découverte à 18heures. J'étais à peu
près dans le même état après que N.. m'ait
fait visiter la moitié de Budapest dans la journée. Je crois bien
que je n'ai jamais autant marché de ma vie ! Mais c'était vraiment
une journée idéale pour le faire.
Le
dimanche les habitants de Budapest sont tous à la campagne et la
ville est désertée, ne restent que les touristes, rares en
ce moment. Il faisait un temps splendide, pas un nuage et quand nous
étions au soleil, vraiment chaud. Par contre à l'ombre on
s'aperçoit bien que la température ne dépasse pas les 9°.
N.. est une guide parfaite, nous avons alterné les incontournables :
basilique, forteresse, plus vieux métro du monde avec des lieux plus
insolites comme un "café ruines" (traduction littérale du
hongrois que je ne saurais retranscrire). Autrement dit un squat
transformé en café-ciné tout en récup. dans son jus. Pas grand
monde car c'était dimanche après midi mais c'est un lieu très fréquenté en
semaine, envahi par la jeunesse étudiante. Si la mode de ces "cafés destroyed" arrive en
Bretagne c'est la fin de ma carrière car les fauteuils hors d'usage
sont le nec plus ultra de la déco. Personnellement j'ai choisi une baignoire
comme lieu de repos devant un chocolat chaud à la crème, divin !


Avant
ça nous avions déjeuné dans la cave d'un restaurant turc, à
la turque sur des coussins, d'une soupe de pois chiches et lentilles corail très épicée,
d'une salade d'aubergine frites sauce au yaourt relevée d'ail et
d'une fricassée de pommes de terre. Comme je m'en suis aperçue
il n'est pas coutume ici de prendre un dessert par contre entre les
repas il faut se rendre à la pâtisserie manger d'énormes gâteaux
à la crème. J'ai dû priver N.. de ses sucreries habituelles en
n'apprenant cela qu'hier soir.


Quand
nous avons un
peu récupéré de notre fatigue nous nous sommes rendues au pot
d'accueil offert par l'hôtel. La veille N.. et moi étions passées
au bar et comme il n'y avait personne nous avions décidé d'attendre
l'arrivée de S;; pour en profiter. Mais hier soir quel
contraste ! c'était envahi de français, tous là pour des soins
dentaires visiblement. Étant donné la qualité très médiocre du
buffet du petit déjeuner (margarine, pain industriel, charcuterie
low cost...) nous n'avons pas voulu tester le repas du soir et nous
avons regagné le petit restau "marxiste" ainsi qu'il
s'appelle, où nous avions déjà dîné la veille pour 4€. Déco
faucille et marteau, barbelés, étoiles rouges etc...mais aussi très
branché. Autant le premier soir j'ai aimé la découverte du vin
chaud aux épices avec une pita fromage crème aigre (demandée sans
ail, attention ici ils en mettent partout), autant deux fois de suite
c'est trop :) Ce soir on change de crèmerie.
Les
français qui ont déjà eu des soins dans la clinique où nous
allons nous ont un peu refroidi en nous expliquant que l'organisation
n'est pas leur point fort, nous risquons d'y perdre beaucoup de
temps. Si c'est comme à l'hôtel ça promet !
En
arrivant, celle qui visiblement est la gérante m'avait promis un lit
d'appoint pour compenser le manque dans la chambre et quand nous
l'avons demandé hier soir la personne de service à l'accueil nous a
dit " oh si j'avais su je viens de donner la chambre à trois
lit à un couple pour la nuit mais demain je vous la réserve"
pourquoi n'était-ce pas possible la veille ? je pense qu'aujourd'hui
la patronne trouvera encore une bonne raison de nous laisser dans
notre cagibi où l'on ne peut vraiment plus circuler qu'en passant
par dessus les lits, la vraie auberge espagnole, heureusement cela
nous amuse pour une nuit mais pas plus. Voilà pourquoi je suis
contrainte de squatter la salle de bain pour me servir de l'ordinateur,
sympa non ?
Première
épreuve du feu.
Le
chauffeur de taxi qui m'avait déposée samedi à l'hôtel
m'avait dit en partant " lounnnndi 9h et demi" comme il ne
parlait pas bien français je pensais qu'il me donnais
rendez vous pour venir me chercher lundi matin. Mon rendez vous à la clinique étant à 9h, j'en avais conclu qu'il viendrait à 8h30 nous prendre.
Nous nous sommes donc préparées pour l'attendre à l'accueil vers
8h 25 laissant N.. dans les bras de Morphée avec un "don't
disturb " sur la porte.
Première
question à régler : la chambre. Nous expliquons à l'hôtesse que la
veille on nous a promis de nous reloger dans la chambre voisine qui
devait se libérer. Grand sourire et petites courbettes elle nous
rassure, elle a trouvé la note de sa copine seulement nous devons
refaire nos bagages avant 11H. Dare, dare nous remontons emballer nos
affaires, exit le repos de N.., tout en urgence dans les sacs et
vite, vite à l'accueil le taxi nous attend. 9h personne, Bon c'était
bien 9h30 on a dû changer l'heure de mon rendez-vous, pensons nous, 9h30...
9H35... 9H40... Bien, en Hongrie la
notion de ponctualité est sans doute un peu floue...c'est là que S.. me dit
que son chauffeur, la déposant avec un autre prétendant aux belles
dents hongroises, leur a dit "lundi vous vous débrouillez par
vos propres moyens". OK inutile donc d'attendre un chauffeur.
Son co-voituré ayant commandé un taxi nous lui proposons de le
partager et nous voilà partis.
Après
moult détours nous arrivons à la clinique sur la colline et nous
nous félicitons de ne pas avoir pris le tram vu la complexité et
l'état des routes et surtout la modicité du coût : 1€ par
personne , pourboire compris. Nous décidons illico que nous ne nous
priverons pas de ce luxe dorénavant.
Accueil
très "clinique privée de luxe" par des hôtesses
tout de blanc vêtues avec petite veste rouge. Prière de laisser son
vêtement au vestiaire et d'enfiler des sur-chaussures. Nous montons
à l'étage pour remplir les papiers et tout de suite à la
radio panoramique. Retour au vaste salon d'attente avec canapés
profonds, télé française en sourdine, bureau de style avec
internet à disposition, grandes baies vitrée sur patio, ambiance
très détendue des patients venus en groupes, c'est plutôt
agréable. Puis les questions bizarres arrivent et nous sentons
comme un début de flottement dans l'organisation. Aucun dossier avec
nos devis envoyés par mail, on nous demande pourquoi nous sommes là
: refaire le sourire ? poser un implant , trois fois on demande à un
monsieur où vous le voulez l'implant ? j'avais envie de répondre
"sur la fesse" et ça nous fait rire comme des gamines
espiègles tellement nous sommes surprises et légèrement inquiètes
de la tournure des évènements. On me demande à plusieurs reprise
"vous avez un devis ? " je répond : "oui dans mon
ordi mais je n'ai pas pensé l'imprimer" l'hôtesse repart et
j'imagine qu'elle va revenir avec une copie à me faire signer, non
elle revient pour demander "c'est pour un inlaycore ? -
non madame pour 2 et deux couronnes" elle repart et nous
attendons.... Midi elle revient " vous pouvez aller manger il y a
un peu de retard - non merci nous préférons attendre ici "
Pas question d'avoir attendu tout ce temps pour qu'on nous pique
notre tour !
13h30
ouf ! on m'appelle. Je descend au cabinet de la doctoresse (plus tard appelée Cruella) qui échange
avec son assistante en hongrois, avec un air bizarre tout en tenant ma
radio. C'est trèèèèès long. Y aurait-il un problème insoluble ?
pas un commentaire pour moi et brusquement elle s'approche
" Vous êtes prête, on y va ? " ben oui, je suis là
pour ça...
Alors
là c'est parti sur les chapeaux de roues ! un pschitt
anesthésiant et que je te pique sans ménagement dans le palais tout
en disant "pardon, pardon," en te pinçant le nez, va-t-en
savoir pourquoi ?
Résultat
je me sens anesthésiée de la base du cou aux sourcils mais c'est
radical elle pourrait me faire sauter toutes les dents que je n'en
saurais rien.
Elle
se prend une minute pour manger quelque chose et tout en mâchouillant
elle attaque. Et hop la première couronne saute dans le plat. Avec
un grand sourire elle me dit "je vais vous faire faire des
économies, ce n'est pas la peine de changer cet inlaycore il tient
bien - Vous êtes certaine que ce sera esthétique ? - oui pas de
problème" Très bien me dis-je , j 'avais vraiment
la frousse que ce soit très pénible d'arracher ce pivot vieux de 25
ans. Ce n'est pas que j'y tienne mais lui visiblement tient à moi,
nous avons fait bon ménage jusqu'ici pas de raison de divorcer.
Passons
à la voisine. En deux temps trois mouvements la voisine est limée,
dénervée, et l'inlaycore posé quand en France on me donnait au
moins 4 rendez vous pour le même travail. Dois-je m'en réjouir ou
m'en inquiéter ? Je me pose la question , seul l'avenir le
dira.
Puis
elle me dit "c'est fini madame" J'ouvre de grands yeux
(difficile vu l'anesthésie quasi générale :). Devant mon air ahuri
elle me dit " vous voulez des couronnes provisoire ? " Et
comment que je veux des couronnes provisoires, je ne vais pas sortir
3 jours avec deux pivots en guise d'incisives, vous rêvez ?
Bon
dans ce cas remontez et une hôtesse va vous guider pour la pose. OUF
!
J'aurais
dû comprendre "la pause" car, en effet ,celle-ci a duré
jusqu'à 16h...
S..
entre temps est passée par toutes les angoisses de la terre. Venue
pour la pose de piliers sur des implants ils lui ont essayé toutes
les tailles de vis sans trouver la bonne. Panique à bord,
devra-t-elle repartir sans la canine promise ? pour passer le
temps et oublier l'anesthésie qui s'en va (autrement dit la
douleur qui s'installe) nous monopolisons l'ordinateur à tour de
rôle.
Enfin
on me pose deux bouts de plastique sur mes chicots et en me
regardant dans la glace j'ai des sueurs froides. Horreur et damnation
! la canine de traviole qui se fondait dans le décor précédent est
maintenant l'élément essentiel du nouvel agencement. La jeune assistante
me rassure "c'est provisoire" mais moi je pense "impossible
de cacher ça dorénavant, pourquoi ne la font-il pas sauter aussi ?
puis sa vis à vis et pourquoi pas toutes les autres ? Je suis prête
à remonter sur le fauteuil.
Mais
il est déjà 17h et S... attend depuis si longtemps que je
renonce.
Avec
une grande écharpe sur la bouche je jure de ne plus l'ouvrir et nous
rentrons à l'hôtel nous jeter sur des anti douleur.
Vers
18h N... arrive et nous propose un plan : le lundi les cocktails sont
moitié prix dans un pub à la mode (jeune) et nous pouvons rejoindre
une de ses amies qui doit venir passer un an à Montpellier, dans le
cadre d'Erasmus. Autant pour noyer notre inquiétude sur la suite que pour
tuer la douleur lancinante nous choisissons de la suivre. La
tête cachée dans l'écharpe c'est parti !
Comme
nous n'avons rien dans l'estomac depuis 7h du mat, en dehors d'un Dolyprane, ce n'est pas indiqué de passer directement aux boissons
alcoolisées alors petite halte gourmande chez le grand pâtissier de
Budapest. Et là impossible de faire un choix, tout nous tente. Nous
hésitons très longuement et pour finir, voyez la photo, nous
partageons trois gros gâteaux à la crème à damner tous les
régimes. Un expresso bio équitable surpassant tous les
italiens et nous sommes prêtes pour aller rejoindre Z..
Z..
est docteur en biologie comme N.. mais son sujet d'étude
n'est pas les grenouilles au Ghana mais les souris chez nous. Et pourquoi choisir
d'étudier NOS souris ? il n'y en a pas ici ?
Et
bien sachez, vous qui avez eu le courage de lire jusqu'ici, que
Montpellier est à la pointe de la recherche mondiale
sur les souris. Pas les blanches mignonnes de labo mais les vilaines
qui vous font monter sur les tables en criant "mamaaaaaaan !" , et vous savez quoi ? je vais vous donner un
nouveau tuyau pour vous en débarrasser. D'après Z.. rien de mieux
et de plus humain que la tapette mais si comme moi vous jetez la
tapette avec la souris ça finit par coûter cher. Alors en temps de
crise, pas de petites économies, optez pour le papier enduit de glu.
La souris avance vers le fromage et reste collée. Âmes sensibles
sautez la ligne suivante c'est un conseil d'amie.
Et
alors... la souris reste collée et meurs d'inanition à petit feu.
Trop Horrible ! je vais encore délier ma bourse pour des tapettes ou
les laisser vivre...
 |
Vous avez vu nos beaux cocktails ? |
Avec
les cocktails et les histoires de souris la forme est revenue, basta
de montrer mes affreuses prothèses, direction un restau turc pour
manger une soupe bien épicée qui réchauffe car ce soir ça caille.
D'ailleurs je pense que chez vous aussi, je suis avertie par EDF que
demain c'est EJP. Enfin une journée à laquelle j'échappe.
Mardi 6H (autrement dit jour N°4 en Hongrie)
Ce
matin quand mes copines seront réveillées direction le magasin de
troc d'à côté où N.. veut s'acheter des pantalons car il y a un
nouvel arrivage prévu, ensuite direction Szentendre à quelques kms
de Budapest . Nous n'avons aucun soin aujourd'hui mais pas le temps
de monter à Ostörös voir les parents de N.., nous reviendrons (pour
ou sans soins dentaires) une autre fois c'est promis.
Aujourd'hui pour ne pas me coller le moral dans les chaussette je vais
éviter les miroirs et essayer de fermer la bouche mais ce sera
difficile, vous me connaissez, et mes copines me font tellement rire.
J'ai l'impression de rajeunir avec elles, ça fait du bien de
s'illusionner de temps en temps :o)
Nous avons maintenant une très grande chambre avec deux balcons,
trois lits une toute petite salle d'eau ET un
très grand placard fermé à clef avec la lumière allumée à
l'intérieur, encore une énigme hongroise.... est-ce là que la
patronne fait pousser vous savez quoi ...?
Pas de soin dentaire aujourd'hui les copines en ont profité pour faire
la grasse mat puis nous avons traîné au petit déjeuner un bon bout
de temps.
N.. nous a ensuite entraînées dans son dépôt vente et
là vraiment ça ressemblait bien à l'image que je me faisais d'un
magasin de fringue sous le régime communiste. Nous n'avons vraiment
rien trouvé au goût du jour. Les robes sont en synthétique,
fleuries et tristes avec des découpes dignes d'un styliste aviné.
Les jeans sont tout sauf classiques et je peux vous dire que la
fantaisie débridée ne donne pas de bons résultats sur des tailles
48 à 56.
Sorties de là nous avons pris le train
au pont Marguerite direction Szentendre. A 10 kms de Budapest, c'est
déjà la campagne et en cette saison avec les arbres dénudés et
l'herbe couchée après la neige tout est couleur terre.
Qui a déjà vu le Danube bleu ?
Celui là voyait sans doute aussi des éléphants roses...
Je peux vous dire qu'il est vraiment
couleur caca d'oie et N.. confirme qu'il a cette couleur en toute
saison.
Szentendre est un petit village très
pittoresque, une cité ancienne reconvertie dans le tourisme et une
destination incontournable pour les tours opérateurs à la belle
saison.
Visiblement hier nous étions les
seuls visiteuses de la journée et nous avons eu beaucoup de mal à
quitter les magasins car les hongroises sont de très bonnes
commerçantes, patientes, exubérantes, démonstratives et
souriantes.
Il faisait plus froid que les jours précédents et le
vent pinçait dur alors la tentation était forte de se réfugier
dans les nombreux magasins de souvenirs. A midi nous avons déjeuner
en plein air d'un beignet géant recouvert de crème aigre et de
fromage râpé. Même pâte que les churros espagnols, délicieux
mais tellement gras, enfin pas trop difficiles à dévorer avec des
fausses dents.
Au hasard d'une rue nous avons
découvert une jolie cour carrée avec des canapés très moelleux en
plein soleil. L'endroit idéal pour l' indispensable café, tant pour
nous réchauffer que pour faire passer le gigantesque beignet avant
d'attaquer la visite de la ville toute en ruelles et escaliers.
Une curiosité : ici les bureaux de
poste sont de véritables supérettes vous pouvez y acheter des
journaux, des bonbons, des souvenirs et un peu d'épicerie en plus
des timbres, des cartes postales, cartes de tél etc. Les boites aux
lettres sont rouges et très belles, rien à voir avec nos hideuses
boites jaunes.
Le froid est un très bon prétexte,
s'il en faut, pour se précipiter dans les pâtisseries. Nous avons
craqué devant la plus belle et la plus classe. Pas trop osé prendre
des photos mais Stéphanie a quand même réussi à me piéger ainsi
que le décor en céramique.
A la sortie il faisait si froid que
nous avons acheté de grandes étoles pour l'une, écharpe pour
l'autre et spécialité vestimentaire hongroise pour moi, très
large ceinture en jersey à porter sur le pantalon ou la jupe. Triple
avantage ça tient chaud, ça rentre le ventre et je ne perd plus mon
pantalon. Vive l' interprétation moderne de la ceinture Gibaud !
Autre curiosité : en reprenant le
train, le même, pour rentrer vous payez trois fois plus cher qu'à
l'aller. A l'aller c'est un contrôleur qui annonce 300
forints par personne, au retour une contrôleuse demande 1000 forints, Niki
discute et la dame dit « c'est le Mr qui s'est trompé »
nous aurait-il fait une fleur ?
Cela peut vous paraitre exorbitant mais
1€ = 280 Forints. J'ai beaucoup de mal à m'y faire, quand je vois
les additions ou les prix avec tant de zéro j'ai l'impression de
débourser une fortune. Les pièces ne valant quasiment rien, ils ne
rendent pas toujours la monnaie. Pour laisser un pourboire il ne faut
pas laisser l'argent sur la table mais dire « rendez moi
sur...(la somme que vous voulez payer) » Pas facile quand on
ne parle pas hongrois.
Petite leçon basique de hongrois :
igen (iguène) = oui
nem (nèm) = non
facile, MAIS attendez la suite …
Bonjour = Jó
reggelt (yau reguèlt) le
matin
mais aussi Jó
napot (prononcez yau
naupot) dès le milieu de la matinée jusqu'au milieu de l'après
midi ensuite Jó
estet (yau echtèt) puis
pour finir
Bonne nuit : Jó
éjszakát [yau
éyssacat].
Je
peux vous dire que je n'y arrive pas alors moi c'est toujours « Yau
naupot »
Merci
= (je vous épargne l'orthographe) dites : keuceuneume et rajoutez
sépam pour faire beaucoup.
Bon
si demain vous êtes capable de me répéter ça sans regarder vous
êtes plus forts que moi.
Quand
vous essayez de lire une affiche ou un prospectus il n'y a pas un mot
qui vous rappelle quelque chose de connu. Parce que même si la
prononciation est proche (très rarement) l'écriture est loin de
ressembler à ce que vous entendez.
Holnap ! (à demain)
mercredi jour de soins esthétiques
S.. a rendez vous à 10h à la clinique, je l'accompagne avec mon micro pour passer le temps.
Nous prenons maintenant le taxi car ce
n'est pas cher et je commence à trainer la patte.
Pour moi, au menu, détartrage et
blanchiment, en principe à midi. Pour Stéphanie pose des piliers.
Le monsieur près de moi me dit «
ça va ? - et vous ? - ça va mais très stressé » me
répond-t-il, "comme tout le monde" dit une voix dans la salle,
rassurant isn't it ?
Pendant ce temps N.. va rencontrer son
directeur de thèse à la fac et si tout va bien nous la retrouvons
vers 14h au grand marché pour s'acheter des fruits car nous n'avons
pas eu un fruit ou légume cru depuis notre arrivée.
S.. revient de ses soins avec
des piliers plus longs que ses dents, un peu l'air d'un vampire. Elle
attend pour la prise des empreintes mais s'inquiète fort de ne plus
pouvoir manger.
La jeune femme qui m'avait demandé le
premier jour si j'avais un devis me le redemande à nouveau. Comme
j'avais mon micro je le lui montre. Elle me dit qu'elle pose cette
question parce qu'elle a trouvé deux devis dans mon dossier et m'en
donne un. En l'examinant je m'aperçois qu'il n'est pas identique au
premier, qu'il est daté de lundi et que visiblement il correspond
aux soins effectués. Je lui fait constater la différence en lui
disant que je m'étonne que l'on ne m'ait pas avertie des nouveaux
soins avant ou après qu'il aient été réalisés. Elle le prend
très mal, je la rassure en lui disant que c'est encore mieux que ce
qui avait été prévu puisque je garde mon vieux pivot et que l'on
ne m'en a pas posé un second mais conservé ma dent. Seulement
j'aurais aimé avoir été mise au courant ce qui m'aurait permis de
comprendre pourquoi ce fut si rapide, ce qui m'avait inquiétée. En
discutant elle s'étonne que je n'ai pas eu de consultation
préalable, et moi surtout que l'on ne m'ait pas demandé mon accord.
Finalement il en ressort que je vais avoir une couronne sur mon vieux
pivot, ce dont la dentiste m'avait avertie en séance, et uniquement
une couronne sur ma dent cassée ce qui était ma demande initiale
mais m'avait été déconseillé à l'établissement du devis.
Comme elle prend très mal chaque
remarque je ne cesse de la rassurer sur le côté positif du choix
qui a été fait mais je lui explique que le manque de communication
m'a crée des inquiétudes inutiles. Bref, pour couper court je pars
au détartrage.
J'avais précisé dans mon premier
courriel que je demandais un détartrage sous anesthésie car je n'ai
plus beaucoup d'émail à la base des dents, il m'avait été répondu
positivement. La jeune assistante qui s'apprête à me faire le soin
me dit que ce n 'est pas possible car seule la dentiste peut faire
des anesthésie et elle n'est pas disponible. Je lui dit que dans ce
cas ce sera difficile parce que je vais sursauter sans arrêt, qu'en
France on ne peut me le faire sans anesthésie. Elle commence et bien
entendu s'en aperçois vite. Grosse discussion en hongrois avec ses
collègues pour finalement me donner rendez vous demain à 14H.
Entre temps S... rassurée
revient avec de nouveaux piliers mais pas de couronnes provisoires.
Libérées plus vite que prévu nous
appelons N.. qui est toujours à la fac, elle nous donne rendez-vous
aux halles dans deux heures. Le taxi nous dépose au bout du pont que
j'imaginais le plus proche et nous nous trouvons pour la première
fois livrée à nous même, sans notre guide et sans savoir vraiment
où sont les halles. Pas un passant ne parle français, finalement un
monsieur dit parler anglais mais quand je lui demande le «big
market» (comment dit-on les halles ?) il reste pantois. Le second
comprend mon charabia et nous voilà à bon port. Première chose
acheter des bananes ensuite se restaurer.


A l'étage nous trouvons un
restaurant où nous allons pouvoir goûter la cuisine hongroise pour
la première fois. Goulash de veau, bien entendu avec un verre de vin
rouge. Excellent. Tout l'étage est rempli d'échoppes de souvenirs.
Particulièrement remarqués les sacs en cuir, les gants de peau
d'une finesse remarquable (N.. nous avait dit à Szentendre qu'ils
en réalisaient sur mesure pour des célébrités du monde entier
tant leur réputation est grande), les chapkas, les pashminas
d'importation, et les babioles peintes.
Comme il fait un froid de canard dès
que N.. nous a rejointes nous mettons le cap sur un restaurant
hindoue où elle a rendez-vous avec Z pour déjeuner.
Partie pour un thé chaud je craque
pour un lassi à la mangue...succulent.
C'est un lieu spécial. En vitrine
c'est un magasin de produits hindoue : épicerie, librairie,
vêtements...en poursuivant c'est un snack, plus loin des vestiaires
(en cherchant les toilettes je suis tombée sur un mec à moitié nu :o) ), au dessus : des cours de yoga ce qui explique ma
rencontre précédente.
Nous passons là un bon moment. Quand
nous décidons d'aller visiter le musée des arts appliqués il est
déjà 18h et nous nous faisons refouler par « une armoire
double porte » équivalent ici d'une « armoire à glace »
française.
Alors cap sur le pub d'Alice au pays
des merveilles.
Trop bizarre !
Pour vous trouver une table enlevez vos
chaussures et rentrez dans une armoire, attention il faut se baisser,
l'intérieur est tapissé de morceaux de miroirs, ça y est vous
êtes passés de l'autre côté du miroir;
Là vous avez un véritable labyrinthe
de niches, escaliers, ça part dans tous les sens, on croit qu'il n'y
a personne car chaque case est isolée mais finalement tout est plein
et nous devons nous contenter du bar.
Comme il y a la wifi nous nous faisons
un festival de clips humoristiques autour d'un thé. Nous sommes
pliées de rire toutes les trois au point de contaminer tout les consommateurs
qui n'y comprennent rien.
Il est 20h 30 quand prenant notre
courage à deux mains nous nous décidons à affronter le vent
glacial pour rentrer.
A l'hôtel nous empruntons un tire
bouchon pour ouvrir la bouteille de vin rouge d'Ostoros offerte par
le papa de N.. Repas : banane, ships, chocolat et vin rouge sur un minuscule
bureau avec nouveau festival d'humour. Pour la seconde soirée les
voisins doivent nous maudire. A minuit tout le monde tombe de
sommeil. Ayant choisi de passer la dernière à la douche je
m'allonge sur mon lit en attendant et là je ne saurais vous dire la
suite je viens seulement de me réveiller !
Jeudi 14h
Nous sommes de nouveau à la clinique
dans l'attente de nos soins, la jeune fille d'hier m'évite, refuse
de répondre à mon bonjour, tant pis...
 |
Le sourire le plus glamour de Budapest |
14h30 on m'enlève mes couronnes
provisoires avec beaucoup de mal. Sacrebleu ! leur colle c'est du
costaud, j'ai bien cru que tout viendrait avec. L'assistante en est toute
rouge à force de tirer dessus. Moi qui avait peur de manger j'aurais
pu croquer du nougat . Finalement elle y arrive et je retrouve
S.. dans le salon d'attente qui pouffe en voyant mon beau
sourire et ne peut s'empêcher de prendre une photo !
PAUSE (ça veut dire un temps
d'attente indéterminé)
On m'appelle chez la doctoresse (Cruella entre nous) pour
l'essayage des prothèses définitives. A peine bonjour, la miss
(entre 55 et 65 ans est en mini robe jaune jonquille, maquillage de
maquerelle, rose à lèvre couleur malabar nacré, longs cheveux
filasses jaune paille, embijoutée de pacotille, mais voiture de
sport rouge devant la porte) m'enfonce deux couronnes à coup de
marteau – véridique – et me dit en me tendant une glace « ça
vous va ? » Là j'ai senti un froid dans le dos en apercevant
dans la glace deux dents de lapin couleur plâtre frais. Au bord des
larmes je fais non avec la tête. La matrone me demande « c'est
trop long ? » je tente de répondre et plof ! les dents tombent.
Elle « Il ne faut pas ouvrir la bouche » vite avant
qu'elle me les renfonce j'arrive à dire « la couleur... »
« ce n'est pas définitif, c'est un peu long, à 17h je les
pose » et hop! dégage ma fille, au suivant.
Que nenni, j'avais demandé une
anesthésie pour le détartrage, je ne veut pas quitter le siège.
Elle s'insurge : "vous allez rester anesthésiée 3 heures" – et
alors ?
De rage elle me pique partout sans dire
pardon comme d'habitude. Je ne peux même pas serrer les dents sous
la douleur alors je serre les fesses.
PAUSE
J'arrive au détartrage, l'assistante me dit
« cette fois vous n'aurez pas mal ».
Action : un coup de jet d'eau
sur le moignon vivant. Vous vous souvenez qu'une des incisives n'a
pas été dévitalisée mais réduite à la pulpe (autrement dit aux
nerfs) entourée d'une mince couche de dentine circumpulpaire ( je
suis savante n'est-ce pas ?).
réaction
: saut de 50cm sur le fauteuil. Elle ouvre de grands yeux ? ? Et
oui la tortionnaire du bas n'a anesthésié QUE la mâchoire
inférieure vu qu'en haut je n'ai que deux vraies dents tout le reste
étant prothétique.
Je suis prête à renoncer au
détartrage, en tout cas pas question de blanchiment, la torture ça
suffit. Elle en convient et très gentiment me confectionne un gros
pansement bleu sur le moignon pour l'isoler et le détartrage se
passe très bien.
Nouvelle PAUSE, même pas le courage
d'aller sur internet pour passer le temps, je prends un cachet pour
essayer de calmer la douleur du moignon titillé. Et puis on
m'appelle en bas.
Avant la pose des couronnes il faut
payer et c'est là que les ennuis commencent :
La jeune fille qui n'a pas voulu me
saluer tout à l'heure est au bord des larmes, elle est près de
craquer et me présente ses excuses pour hier et vide son sac. Elle
n'en peut plus car tout le monde lui tombe dessus me dit-elle. Tout
le monde se plaint des temps d'attente, des plannings non respectés,
de la doctoresse bordélique et mal aimable, du coordinateur français
qui se planque dans son bureau et ne lui transmet pas les dossiers.
Je lui répète que je n'ai pas voulu l'agresser hier en lui faisant
mes remarques mais qu'elle est notre seul interlocutrice parlant
français c'est pourquoi nous passons tous par elle.
Elle me tend la facture, je vais pour
sortir ma carte bancaire, panique elle n'est pas dans mon porte
carte. Ah j'ai tout ce qu'il ne faut pas : cartes de fidélité
Leclerc, Carrefour, Marionnaud, Séphora, Interlaine, Super U, Beauty
succes, cartes vitales française et européenne, carte de mutuelle,
d'assurance etc. mais aucune carte de quelque banque que ce soit.
J'explique que je croyais avoir mes
dents demain et que j'ai du laisser ma carte bancaire à l'hôtel,
pourrai-je passer payer demain matin ?
Ah que non ! « Si vous ne
payez pas nous ne posons pas les dents »
Vous avez vu ci-dessus ma bobine,
comment rentrer dans cet état, j'arrive à peine à crachotter les
mots ?
Une idée, je peux faire un virement de
ma banque par internet ? OK
Je prends sa place, génial un clavier
azerty, je commence à remplir la demande sur mon compte bancaire et paff ! La Hongrie n'est pas dans la zone euro, pas de
virement possible. Je peux envoyer tout l'argent que je veux en
Allemagne, Italie, Espagne, Danemark, Pays bas... même le Royaume
uni mais PAS la Hongrie, M....de !
- Alors, appelez moi un taxi, je
rentre chercher ma carte à l'hôtel.
La tête dans une écharpe, le bonnet
jusqu'aux yeux, je pars sans les dents. S.. qui a terminé
m'accompagne.
Arrivées à l'hôtel nous retrouvons
N.. et toutes les trois nous fouillons les valises, les sacs, les
tiroirs, les penderies, les poches et même le frigo vu qu'il m'est
arrivé plus d'une fois de retrouver mon téléphone dans le
congélateur, mes clefs sur la chaudière et mes lunettes sous le lit
.Mais rien de rien, pas de carte bancaire à l'horizon. Panique de
chez panique. Une seule solution demander à S.. de payer pour
moi, je lui ferai un virement par internet ce soir vu qu'elle est
dans la zone euro, ELLE.
Avec son accord et sa carte je retrouve
le taxi qui m'attendait toujours en espérant que le peu de forints
qui me reste sera suffisant pour payer la course. Au point où nous
en sommes je vais peut être devoir le payer avec la carte de
S...
Je donne tout ce qui me reste au chauffeur et je
rentre payer pour avoir mes dents. On me fait signer un papier comme
quoi j'ai reçu des soins et que je suis satisfaite du résultat bien
que je n'ai toujours pas mes couronnes, mais j'en tellement assez que
je signe sans protester, persuadée que ce sera horrible mais
tellement pressée d'en finir.
18h30 PAUSE.
19h à nouveau chez Cruella
Sans un mot pour moi elle parle avec
son assistante en hongrois, rit et me secoue ses breloques sous le
nez, je serais une poupée de chiffon qu'elle s'en préoccuperait
plus. Après quelques coups de marteau elle me dit « levez
vous, regardez votre joli sourire dans la glace » je lui
demande si je vais avoir mal comme ça longtemps elle me répond « je
ne peux pas dévitaliser la dent, je n'ai pas le temps, il faut trois
jours » Ben oui madame mais c'est lundi qu'il fallait le
faire... Je regarde vite fait dans le miroir, je trouve une tête qui
ne me ressemble plus, la couleur et l'aspect des prothèses me
paraissent différents de ce à quoi je m'attendais mais vite partir
d'ici et si nécessaire tout refaire en rentrant.
Vous êtes satisfaite ?
oui...
Vous reviendrez ?
Peut
être...
Au revoir.
Vite, vite partir d'ici, il est 20h, je
n'ai plus un forint il faut que je trouve le TER et le tram sans me
tromper pour rentrer à l'hôtel, j'ai super mal aux dents dès que
je respire et je pense « qu'est-ce que je suis venue faire
ici? » Comme c'est la fête des femmes au dernier moment on
m'offre une tulipe pour la route. J'ai pas l'air c... avec ma tulipe
d'une main et mon écharpe collée sur la bouche à courir après le
TER !
Toutes les femmes que je croise ont
une, deux, trois tulipes à la main, je constate qu'en Hongrie la
fête des femmes est une réalité. Dites moi combien d'entre-vous
ont reçu une fleur (ou un bisou) ce 8 mars ? Pas bezef sans doute.
Et quand j'arrive à l'hôtel c'est un vrai bouquet que nous avons
réuni à nous trois dans le verre à dent.
Comme je n'ai pas le droit de manger
d'ici demain matin je décide de boire.
Pour commencer nous allons finir la
bouteille de vin offerte par le papa de N... Puis il y a les
échantillons du mini bar mais en consultant les tarifs N.. nous
propose plutôt d'aller boire en ville.
Il est 22h et nous renfilons
chaussettes, chaussures, ceinture Gibaud, pulls polaires, écharpes,
gants, bonnets... tout ce qu'on peut pour affronter le froid avec une
rage de dent. N.. dit « la Palinka c'est le meilleur remède,
en route ! »
Métro, tram et nous revoilà dans le
destroy café dans le quartier juif. Par rapport à dimanche, quel
changement d'atmosphère ! C'est enfumé, bruyant, bondé. Nous
faisons rapidement le tour pour S.. qui ne connais pas mais
nous ressortons chercher un pub plus tranquille. Premier arrêt un
semi-destroy-pub, pas trop plein, pas trop bondé, pas trop enfumé,
c'est parfait pour une première Palinka (eau de vie) de coing. N..
qui est végétarienne-bio m'a surprise avec l'alcool. Là plus
question de bio ni de régime, il faut boire cul-sec la Palinka à
50° et traditionnellement jeter son verre par dessus l'épaule mais
maintenant ça ne se fait plus dans les bistro.
Aussitôt bue, aussitôt changer de
crèmerie, c'est la fête des femmes il faut arroser ça. Il est
déjà minuit et l'agitation est maximale dans ce quartier fréquenté
par les étudiants mais pas de viande saoule ni de violence. Nous
mettons le cap sur un « rétro-café » deux rues plus
loin. Ambiance plus feutrée, Palinka à la poire suivie de Palinka
à la mirabelle, S.. déclare forfait. N... insiste nous
sommes le 9 c'est la fête de Fujifi il faut aussi arroser ça
alors nous terminons sur une Palinka à l'airelle. C'est un fait que
je ne sens plus mes dents, ni mes pieds ni ma tête, alouette !
Au retour nous aurions pu enlever les
blousons, les gants, les écharpes, les bonnets et même les pulls
avec 50° dans le sang on se croit en plein été.
Nous rentrons à l'hôtel en plaignant
une fois de plus les voisins car ce soir nous serons certainement
trois à ronfler très fort. A peine arrivées le fou-rire nous tombe
dessus en pensant que si S.. ne m'avait pas accompagnée
j'aurai fini à la prison des femmes d'Eger qui est très belle
d'après N... Elle serait venue m'apporter non pas des oranges mais
de la soupe. Et oui ici c'est comme ça, quand quelqu'un risque la
prison on lui dit « j'irai te porter de la soupe », signe
que les prisonniers sont vraiment très mal nourris.
Nous avons dû sombrer très vite dans
un sommeil d'alcooliques après avoir décidé de nous rendre demain
matin aux thermes Széchenyi.
« Promis tu nous réveilles à 7h
? »
Vendredi matin Széchenyi
Impossible de réveiller S.. et
N.. le matin.
7H premier essai, réponse :
grognements dissuasifs. Je prends ma douche.
7h 30 nouvel essai – « ouiiiiiiii »
. Je fais ma valise.
8h « Si vous voulez
vraiment aller aux bains il faut se lever »
S.. s'ébroue, se
lève et retombe sur le lit la tête sous l'oreiller.
N..se
retourne sous la couette et met ses écouteurs.
Je tire la chasse d'eau,
j'ouvre grand la fenêtre, je claque les portes, je dis « ok on
laisse tomber les bains » et là surprise ! elles se lèvent
d'un bon, enfilent leurs maillots et en 5 minutes nous sommes au
restaurant pour le petit déjeuner.
Vu la situation S..
va aussi devoir avancer les frais d'hôtel, je descend donc demander
qu'on nous prépare la note pour midi. Elles me retrouveront à
l'accueil.
9 heures, en route pour
les bains chauds en plein air, le nec plus ultra de la visite de
Budapest.
Tram, change des derniers
euros, tram, tram et nous voici devant les thermes de Széchenyi.
Tickets, vestiaires, un coup d'œil sur les piscines intérieures à
la romaine et nous voici grelottantes en maillot de bain traversant
l'esplanade jusqu'au premier bassin.
Dur dur de rentrer dans l'eau à
38° quand il fait 4° dehors, alors on hésite entre grelotter et
s'ébouillanter, le choix est vite fait plutôt cuire que geler, on y
va.
Évidemment je suis la
seule qui n'ait pas pied. Dans mon élan je me retrouve la tête sous
l'eau, vite je remonte d'une marche et alors là le BONHEUR ! La tête
au frais le corps au court bouillon, plus mal aux dents, au dos, aux
genoux, au cou et tout et tout... Pourquoi faut-il reprendre l'avion
tout à l'heure ?
Mais me direz vous c'est
bien beau Budapest, les bains et les châteaux mais ce qu'on veut
voir ce sont tes dents !
Et bien j'attends votre visite, c'est gratuit mais attendez vous à payer de votre temps car j'ai encore beaucoup d’anecdotes à vous conter...